Entre juin et octobre 1834, La Bourdonnais et McDonnell jouèrent une série de six matches et un total de quatre-vingt-cinq parties, au Club d'échecs de Westminster à Londres. Les parties furent enregistrées pour la postérité par George Walker, le doyen des fondateurs du club, qui resta aux côtés de McDonnell pendant toute la durée du match. Les parties commençaient généralement vers midi et certaines d'entre elles durèrent plus de sept heures. Ni La Bourdonnais ni McDonnell ne connaissaient un traître mot de la langue de l'autre. On dit que le seul mot qu'ils aient échangé au cours de leur rencontre historique était « Échec ! ».
Après chaque partie, McDonnell revenait dans sa chambre épuisé et y passait des heures à faire lentement les cent pas, en proie à une agitation nerveuse. Pendant ce temps La Bourdonnais restait en bas, satisfait de lui-même devant l'échiquier. Il continuait à jouer après minuit passé, en fumant des cigares, en buvant un punch et en disputant d'autres parties. Une nuit, dit-on, il joua quarante parties avant de se coucher, alors qu'il devait affronter McDonnell au matin suivant.
McDonnell et La Bourdonnais avaient tous les deux le même talent, mais leurs styles de jeu étaient diamétralement opposés. Le Français était renommé pour la rapidité avec laquelle il jouait, répondant souvent en quelques secondes aux coups de son adversaire, alors que l'Irlandais pouvait prendre jusqu'à deux heures pour un coup des plus simples.
Mais ce côté réfléchi n'empêchait pas McDonnell d'être un joueur téméraire. Alors que le Français préférait se tromper par excès de prudence, l'Irlandais ne pouvait pas s'empêcher de lancer des attaques violentes et souvent irréfléchies, et c'est quelque chose qui le desservit pendant leur rencontre.
McDonnell était taciturne et imperturbable. Qu'il gagnât ou perdît, il ne laissait paraître aucune émotion à la table de jeu, habitude qui devait sans doute décontenancer son adversaire au caractère explosif.
lien:
le détail des 86 parties disputées sur Chessgames.com