
L'essor
des cafés au siècle des Lumières est lié à la naissance d'une opinion publique
et d'un espace public. Si au XVIIème siècle, c'est plutôt dans les salons que
l'on discute littérature et philosophie, les cafés de Paris prendront le relais
au temps des Lumières. C'est là que mitonnent, puis bouillonnent les idées des
philosophes.
Chaque café a sa clientèle. Elle est
toujours plus distinguée que celle des cabarets plus populaires où l'on ne vient
pas pour les idées mais pour se rafraîchir le gosier. Et pour s'encanailler.
Tandis qu'au café, on trouve des journaux, des amis pour commenter les
informations ou jouer une partie d'échecs. Ainsi, le café de la Régence place du
Palais-Royal est un café célèbre qui accueille les plus grands joueurs
d'échecs.
C'est au café de la Régence, que Diderot
rencontre le héros de sa "Satire seconde", le célèbre Neveu. Diderot est un
familier du lieu qu'il fréquente en même temps que Marmontel et Jean-Jacques
Rousseau. Diderot nous indique que ce café créé en 1718 est tenu jusqu'en 1745
par un certain Rey.
"Qu'il fasse beau, qu'il fasse laid, c'est mon habitude d'aller sur
les cinq heures du soir me promener au Palais-Royal. C'est moi qu'on voit
toujours seul, rêvant sur le banc d'Argenson. Je m'entretiens avec moi-même de
politique, d'amour, de goût ou de philosophie. J'abandonne mon esprit à tout son
libertinage. Je le laisse maître de suivre la première idée sage ou folle qui se
présente, comme on voit, dans l'allée de Foy, nos jeunes dissolus marcher sur
les pas d'une courtisane à l'air éventé, au visage riant, à l'oeil vif, au nez
retroussé, quitter celle-ci pour une autre, les attaquant toutes et ne
s'attachant à aucune. Mes pensées ce sont mes catins. Si le temps est trop
froid, je me réfugie au café de la Régence ; là je m'amuse à voir jouer aux
échecs. Paris est l'endroit du monde, et le café de la régence est l'endroit de
paris où l'on joue le mieux à ce jeu. C'est chez Rey que font assaut Légal le
profond, Philidor le subtil, le solide Mayot (...).
Un après-dîner j'étais là regardant beaucoup,
parlant peu et écoutant le moins que je pouvais, lorsque je fus abordé par un
des plus bizarres personnages de ce pays (...). "
source Paris Bistrot.com